Shameless

À J.P.

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Je suis assez vieux pour me souvenir que, confronté à la manifestation Occupy Wall Street de 2011 e.v., Lloyd Blankfein, alors directeur de la Goldman Sachs, déclara : « J’aimerais que le football européen soit plus populaire ici, pour que ces gens aient eux aussi quelque chose qui leur permette de vivre par procuration. »

Pour moi, je formule le vœu exactement inverse : J'aimerais que le football européen soit moins populaire à Montolieu, pour que les supporters libèrent de leur lourde présence le merveilleux restaurant La Rencontre, afin que je puisse, à nouveau, aller y boire mon Cocktail d'Automne en paix.

Tant il est vrai que :

Enfin... Coupe du Monde oblige, la France a battu l'Angleterre, et je crois devoir vous reposter, en ce dimanche, mes considérations de juillet 2018 e.v. sur le foot

Je hais le football

Je m’émerveillais, hier encore, qu’en une seule cérémonie de clôture de la Coupe du Monde de football — et via les câlins poupards de Kolinda Grabar-Kitarović — l’image de la Croatie soit passée directement de Jasenovac à Samantha Fox.

La Croatie est devenue sexy.

C’est, en l’occurrence, bien joué, à tous les sens du terme.

Entendons-nous : j’ai horreur du football.

De tous les sports collectifs (rien que ça : « collectif »… abominable épithète qui évoque – précisément – une fête des moissons en Croatie dans les années 50), le football est le plus démocratique. Je le hais donc a priori.

Et, de fait, le football est haïssable parce qu’il porte – plus qu’aucune autre discipline – l’idée de « sportivité », c’est-à-dire de « valeurs » telles que : respect de l’adversaire, de l'arbitre, des règlements – refus de la violence – acceptation de la défaite, etc.

En quoi ces valeurs sont-elles donc valables, grands dieux ? En quoi peuvent-elles même coexister avec l’idée de compétition sportive ? N’en sont-elles pas très diamétralement l’antithèse ?

Le sport n’est-il pas la forme polie de la guerre ? Si l’homme cessait d’être un loup pour l’homme, continuerait-il seulement d’exister ? Si le sport est une activité naturelle, destinée à perfectionner l’art de l’auto-préservation, n’est-il pas contre-productif – voire sacrilège – de chercher à « civiliser » la chose en se serrant la main après chaque conflit ? Feindre de pardonner son adversaire a-t-il jamais permis de « civiliser » le genre humain ? Ou a-t-il, au contraire, inhibé toute impulsion de changement et de progrès, perpétuant la stagnation, historiquement incontestable, que l’humanité doit à la parenthèse chrétienne ?

Sans vainqueurs, il ne peut y avoir de changement : la victoire a pour fonction d’évacuer les systèmes et les idéaux périmés. Pardonner son ennemi est l’idéal chrétien par excellence (selon ma formule inlassable : la morale chrétienne, c’est un gay passif qui « pardonne » à un gay macho de l’avoir sodomisé un peu brutalement la veille) – or la « sportivité » dont fait preuve Jésus sur la croix n’est-elle pas la négation de tout l’intérêt productif du combat et du conflit ?

Le meilleur footballeur de tous les temps est – comme son nom l’indique – George Best (1946-2005), mais on lui refuse systématiquement ce titre (au bénéfice de tiers-monde du genre Pelé ou Maradona) parce qu’il était blanc, intelligent et drôle, multipliait les punchlines dandies, menait une vie de rock star et ne se gênait pas pour maltraiter ses adversaires. George Best est peut-être le seul héros qu’ait jamais produit le football, parce qu’il était un vrai sportif – c’est-à-dire un homme entièrement dépourvu de « sportivité » : fuck le baron de Coubertin, George Best était un gladiateur normal.

Cette notion stupide selon laquelle un ennemi a le droit de perdre avec dignité est une élucubration chrétienne qui révèle un besoin masochiste de frustration et de conflits irrésolus. En vrai, l’ennemi défait doit partir en rampant, léchant ses plaies, massant ses reins, et psychologiquement brisé – Alors, et si intense que soit sa rancune, il réfléchira deux fois avant d’engager le match retour. (Je hais le football, 17 juillet 2018)

Amis chers, la Lecture de ce jour est le Liber Stella Rubeae sub figurâ LXVI, versets 1 à 4.

1. Apep deifieth Asar.

Commentaire 2020 e.v. : C'est son ennemi qui rend l'homme parfait et l'homme parfait (Asar un Nefer) est un dieu — s'il est un dieu, il a atteint Kether, c'est-à-dire Jechidah, son ipséité — s'il est dans son ipséité, il est unique, or c'est DIEU, l'Unique (Ara 3, 0) — c'est tout le mystère du bitoul et le principe fondateur du christianisme — "Aimez vos ennemis" est devenu, par l'entremise de Paul de Tarse, une machine à émasculer les Romains, mais c'est, à l'origine, un Arcane : l'"apophique" acharnement de mon ennemi fait de moi un dieu — Or, l'acharnement dans la haine est le propre des âmes basses — Par conséquent, plus "les malvenus qui conspirent contre celui qui va son chemin d'un cœur léger" (pour paraphraser Nietzsche, de sainte mémoire) sont des low men, plus celui qui va son chemin d'un cœur léger monte en DIEU : < on the low men trample >, comme il est écrit (AL 2, 24), ou, selon la formule du roi David : < L'Éternel a dit à mon maître : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis un escabeau sous tes pieds > (Psaumes 110, 1) — La divinisation d'un homme est proportionnelle au degré d'abjection de ses opposants — Le prince-prêtre doit son statut à ses ennemis : comment pourrait-il ne pas les aimer ?

Commentaire 2022 e.v. : Relativement au commentaire précédent : J'ai toujours considéré qu'"aimez vos ennemis", bien que résumant, au premier degré, très exactement la formule du teckel qui se met sur le dos quand on le gronde, pouvait être une subtile allusion aux délices du hate fuck

Mais encore faut-il avoir épousé une Espagnole pour comprendre.

2. Let excellent virgins evoke rejoicing, son of Night!

Commentaire 2020 e.v. : Je me souviens d'avoir dit un jour à un Américain qui, en ligne, déplorait que la France fût un "désert" (i.e. un endroit dépourvu de communauté thélémite, ce qui était le cas à l'époque) : "Le < son of Night > du Livre de l'Etoile Rubis nous dit que la France, terre où François (!) Rabelais, de sainte mémoire, situe le Pays de Thélème, a un rôle majeur à jouer dans l'établissement de l'Aeon : Night, en français, se dit Nuit."

Commentaire 2022 e.v. : Il y a un an, me faire traiter de "fils des heures nocturnes" m'eût semblé intolérable, tant je me considérais comme exclusivement solaire et dionysiaque.

A présent qu'a eu lieu la Grande Persécution de l'An Vviii, j'entends la chose comme le plus doux, le plus affectueux des compliments ! — Je vous l'ai dit : 

"En ce qui me concerne, je ne recherche plus ni les délices de la mondanité, ni l'étourdissement — Je n'attends plus le bonheur que confère aux jeunes gens un pass VIP ou un carton corné — C'est que j'ai "plus de souvenirs que si j'avais mille ans" ! Mon cœur, qui a passé de longs mois à pleurer les Jours Heureux, ne se sent plus attiré par la frivolité, qu'il a longtemps chérie — J'aime dorénavant les ombres et tout ce qui est obscur et, — comme je l'ai dit, et le redis donc — rien ne me sied tant, désormais, qu'être seul avec mes pensées et les Livres Saints de Thélème — silent, unique, apart." (Sick Again)

Notre sublime Dame Nuit nous plonge la tête directement dans le bain pour nous contraindre à la profondeur.

3. This is the book of the most secret cult of the Ruby Star. It shall be given to none, save to the shameless in deed as in word.

Commentaire 2020 e.v. : Tout pour le shameless in deed as in word, rien pour l'homme dont le front sait encore rougir.

Babalon, notre mère, nous enseigne : "Les malheurs de la vertu et les prospérités du vice sont des lois de la nature et, partant, des lois divines.

"Regardez autour de vous : la femme qui bafoue son mari dévoué triomphe toujours et le beta cuck bien méritant est méprisé des hommes et des dieux — comme disait Merlin l'Enchanteur, de sainte mémoire : < les cocus meurent en mai > (i.e. la formule des Beaux Jours, la force lunaire ignée, qu'incarne la Reine de Mai, c'est-à-dire la Femme Écarlate, néantise l'énergie périmée — l'an révolu — qu'incarne le barbon beta cuck.)

"Une belle femme peut détruire intégralement le meilleur des hommes, simplement en écartant les jambes devant un autre homme : parlez-moi du pouvoir du patriarcat...

"Pour qu'au plus fort de l'engouement pour lui, l'acteur officiellement reconnu comme l'homme le plus beau du monde, et qui était, à l'époque, la plus influente de toutes les stars, perde irréversiblement son charisme, son charme, son attrait, son mojo, son crédit auprès des fans, bref, pour qu'il soit périmé, il a suffi que Kristen Stewart dise, avec le ton convenable de regret d'un "moment d'égarement", qu'elle l'avait, effectivement, trompé.

"(NB : Le ton "moment d'égarement" est rituellement crucial, parce que porteur de la formule printanière : il valide magiquement la péremption du cuck : si votre femme vous trompe avec un vieil homme riche, aucune importance : si elle "fait une folie" avec un beau jeune inconnu au cours d'une nuit de fête, vous êtes canceledblasted out of the picture, symboliquement mort.)

"Les cocus meurent en mai : nul n'ignore que l'épouse qui ne supporte pas que son mari soit infidèle (= que la formule de son mari ne soit pas encore périmée) aimerait que son fils conquiert toutes les femmes de la Terre.

"Les spins, les principes religieux, moraux, philosophiques, etc. au moyen desquels on s'efforce de farder, — dans l'intérêt de l'harmonie sociale et domestique, — ces vérités évidentes, sont très exactement l'équivalent de size doesn't matter."

Commentaire 2022 e.v. : Le mot shameless n'apparaît qu'une seule fois dans le Livre de la Loi, comme conclusion-apothéose de la description de la Voie de la Femme Écarlate (AL 3, 44), laquelle vous explique pourquoi Kim Kardashian est au < pinacle du pouvoir > (AL 3, 45).

4. No man shall understand this writing — it is too subtle for the sons of men.

Commentaire 2020 e.v. : Voir nos considérations sur le Nemo Hoc Facere Potest du 5ème Aethyr.

Commentaire 2022 e.v. : Les gens sont des cons.

J'écrivais en octobre 2019 e.v., juste après avoir prononcé mes Vœux hérémitiques : 

"Je cultive l’inutilité sociale, l’absence de qualités avouables et le détachement de tout souci mondain, dans une luxueuse thébaïde de notre Abbaye de Thélème, entièrement livré à l’étude, à la contemplation et à la paresse, qui sont les trois vertus du philosophe.

"Que vous dirais-je, Amis ? L’hermite atteint de compassion — ce < vice des rois > (AL 2, 21) — et qui, selon l’usage armaniste — et cathare —, recouvre sa Lampe d’une mythologie accessible afin d’éclairer le peuple sans l’aveugler, conclut invariablement de l’expérience « les hominidés sont des cons décidément bien bizarres » et se hâte de regagner sa Retraite.

"Or la Loi ne prescrit pas seulement une tranquille indifférence au malheur humain (AL 1, 31) : elle nous enjoint d’être < contre le peuple > (AL 2, 25) — positivement contre le peuple.

"Telle est la perfection de l'anachorèse thélémite.

"J’ai souvent raconté comme ma réaction, en lisant pour la première fois les Protocoles des Sages de Sion, avait été de me demander : « Plagiat de Sun Tzu mis à part, qu’y a-t-il, grands dieux, de mal dans ce texte ? N’est-ce pas ainsi qu’un seigneur de la terre doit élaborer ses plans ? La plèbe ne mérite-t-elle pas, que dis-je ? ne réclame-t-elle pas ce genre de despotisme atroce ? »

"L’Ennemi du Peuple est, selon moi, le plus beau nom qu’un journal ait jamais porté et quelque podcasteur aristocratique devrait le reprendre. (Note : ce bimensuel, créé par George Darien himself, est paru d’août 1903 à octobre 1904, soit très précisément sur le changement d’Aeon.)

"Personnellement, j’en suis au stade où, si je créais une banque fédérale américaine après avoir coulé le bateau où se trouvaient les quatre maîtres de la haute finance hostiles au projet, non seulement je produirais un film au budget colossal pour expliquer aux masses que ce naufrage est l’Aurore d’un Monde Heureux — et que les financiers old school sont tous très méchants, — mais j’engagerais une bonniche québécoise pour chanter la chanson cucu du générique. C’est dire. #Titanic" (Anachorèse au Pays de Thélème)

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Belle journée à tous.

Love is the law, love under will.

D.


☉︎ in 19° ♐︎ : ☽︎ in 27° ♋︎ : ☉︎ : Ⅴⅴⅰⅰⅰ.

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