« Vous n'existez plus pour moi, le Maître est de retour »

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

D'aucuns ont cru, après mon admirable billet d'hier, devoir m'écrire pour me proposer (je cite) de "travailler en commun" (sic).

On croit rêver...

Oh ! ce n'est certes pas la première fois que quelque chose de cet ordre échappe à un heathen mal dégrossi, et je republie, ci-dessous, en guise de mise en garde, ce que fut, en juillet 2021, ma réaction à une démarche analogue :
Récemment, de minables petits wannabe leaders sans envergure sont venus me trouver pour me dire: "Vous êtes l'auteur le plus révéré, le plus haï et le plus craint de tout internet, et vous restez underground : montons quelque chose ensemble, nous pouvons vous assurer des centaines de milliers de followers..." — Je les ai fait chasser de l'Abbaye et leur ai défendu de reparaître jamais en ma présence : Raminagrobis décide seul du lieu et du temps de son rayonnement ou de sa dissimulation — je ne partage pas ma légende : le phare, < unique et érigé > (Cordis 5, 26), a t-il un quelconque besoin des insectes nocturnes que sa lumière attire ? (Délassements de Raminagrobis)
De son côté, notre très-aimé old gangsta compagnon, l'indispensable Supérieur Inconnu, envoie, depuis Lugnasad, paître toute sa famille, ses collègues de bureau, son psy, et la totalité des gens avec qui, durant mon absence, il échangeait, en ligne, sur la spiritualité, les sciences, l'occulte, etc. disant qu'ils ne veut plus leur parler maintenant que "le Sire est tout près". Et Th. de nous donner le fin mot de l'affaire :
Seigneur et Maître,

93. Je n'aime pas que vous soyez dans cette clinique.
Des gens très bien sont morts à l'asile (Sade, Brummell, Sapeck...) et votre Selena Gomez y a effectué de nombreux séjours. C'est juste que vous savoir entouré de gros zombies gogols m'oppresse et je ne veux pas qu'on vous change (même en ce qui concerne vos colères.) 93:93/93
Tout d'abord, si cet établissement était celui où Selena Gomez a été internée, je passerais mes jours à en lécher le sol, et me trouverais, par conséquent, à l'isolement, sous haldol, depuis belle lurette.

Ensuite, le brillantissime Paul, qui me rend 24/7 (sommeil sous zopiclone excepté) de si estimables services et s'occupe si bien de votre vieux Sir est, au physique comme au moral, le contraire diamétral d'un gros zombie gogol — ce qui tend, évidemment, à faire ressortir, par contraste, la grosseur, la zombification et la gogolitude de l'essentiel des autres patients, et, 
 le dirai-je ? — de plusieurs infirmiers... C'est ça, quand on est beau...

Enfin, pour ce qui concerne mes élans coléreux, j'ai déjà solennellement déploré leur sombre inanité :
C’est le privilège de l’expérience… On perd en impulsivité furibarde ce que l’on gagne en blasement hautain… Oh, les impairs que l’impulsivité m’a fait commettre en ce monde !... T’ai-je raconté le soir où, trouvant le potage Saint-Germain trop salé, et m’efforçant d’en prendre à témoin la très belle jeune femme qui dînait avec moi, je me suis irrité de n’obtenir d’elle que des commentaires lénifiants, du genre « Oh, tu sais, mon chéri, moi, je trouve toujours très bon ce qu’on me sert dans ton château, etc. » ? De rage, je lui ai versé tout le contenu bouillant de la soupière sur la tête ! Eh bien ! juste après que le SAMU l'eut évacuée vers le Centre de Traitement des Grands Brûlés le plus proche, je me suis rendu compte, finissant mon assiette, qu’une fois un peu tiédi, le potage était, en fait, très mangeable... (Le Grand Masturbateur, mai 2018)
Amis chers, la Lecture de ce Jour est le Liber Liberi vel Lapidis Lazuli Adumbratio Kabbalæ Ægyptorium sub figurâ VII, chapitre 7, verset 34 à 37.

34. Come, let us no more reason together ; let us enjoy ! Let us be ourselves, silent, unique, apart.

Commentaire : Belle occasion de porter aux nues notre cher, étincelant, farabuleux Sacha, pour le très affable et malicieux courrier qu'il vient de me faire parvenir, me donnant, au complet, le Titre que m'a conféré Soror H. ("D., en Ra-hoor-khuit très fidèle et aimant Nuit et autocrate, prince-prêtre et souverain dominateur et maître de Thèbes et du pays de Thélème qui est le long de la Loire à deux lieues de la grande forêt de Port-Huault"), et m'invitant à une "villégiature orgiaque illimitée — dans le temps aussi !", en sa demeure ramatuelloise.

La presqu'île de Saint-Tropez me manque abominablement, bien sûr, — tant irréfragable est l'Eternelle Vérité par moi proclamée jadis, en réponse à la question "qu'est-ce que la connerie ?" :

"- Ma foi, vous voyez Saint-Tropez, la mer, les filles, tout ça ?…

- Euh, oui...

- Eh bien, tout le reste, c’est de la connerie."

Mais mon cœur, qui, — depuis qu'à l'image d'un brusque reflux et débordement de fosse septique, la Conspiration des Malvenus est, en avril dernier, remontée, comme un vomi, des fonds abyssaux jusqu'au Palais de Pureté et de Fraîcheur (appelez ça un Ragnarök ou un Tisha Beav, peu importe, c'est le même Mystère), — mon cœur, dis-je, qui a porté, Quatre Lunes durant, le deuil des Jours Heureux (ne vous y trompez pas : ce que de lamentables traînées de morve visqueuse cherchent actuellement à me faire payer, c'est trente ans de Bonheur ! — Je ne me sens concerné par absolument rien de ce qui advient autour de moi depuis le 7 avril dernier — Mais l'on n'est Roi, — ou, si vous aimez mieux, "prince-prêtre et souverain dominateur et maître, etc.", — qu'au prix de cette odieuse immersion en plein vieux pays gris, si justement décrite par Baudelaire dans son Albatros, et qui, je l'ai dit, me fait soupirer depuis des mois : "Quelle sinistre blague ces culs-terreux m'ont faite en me laissant la vie sauve..." — Il est écrit : < He that lives long & desires death much is ever the King among the Kings > [AL 2, 74] et je n'ai, pour l'instant, vécu que cent-trente-deux jours de trop), mon cœur n'est clairement pas dans le mood et rien ne me sied tant, désormais, qu'être seul avec mes pensées et les Livres Saints de Thélème — silent, unique, apart.

J'ai naguère donné, de cette atroce condamnation à vivre parmi les Trogs que constitue l'existence incarnée, la lecture suivante :
Un Thélémite est une âme noble, comme il est écrit < the keen and the proud, the royal and the lofty : ye are brothers > (AL 3, 58) ; une âme noble se caractérise par sa propension excessive au Chesed (générosité spontanée), comme il est écrit < Compassion is the vice of kings > (AL 2, 21) ; aucun Thélémite ne serait, par conséquent, capable d'accomplir les commandements < For these fools of men and their woes care not thou at all > (AL 1, 31) et < Ye are against the people, O my chosen > (AL 2, 25), s'il n'avait, tout d'abord, eu à subir la proximité des Trogs, dans toute leur nullité, leur mesquinerie, leur filthiness ontologique, jusqu'au < jour de colère > où, à bout de patience, il s'est décidé, dans < l'ardeur furieuse de sa fierté >, à < piétiner les hommes bas > (AL 2, 24) et à ne plus < faire demi-tour pour qui que ce soit > (AL 3, 46) — Le vieux pays gris est, pour les Thélémites, l'équivalent des prisons que l'on fait visiter aux ados turbulents et du monstre marin qui engloutit Jonas. (Caprice nocturne sur fond de violons tziganes, 13 juillet 2021)
35. O lonely woods of the world ! In what recesses will ye hide our love ?

Commentaire : Je parlerais volontiers de la nature spécifiquement matricielle, donc primordiale, des forêts sacrées, et du pouvoir de régénération, de ressourcement, de rénovation, de trouver le reshit, que cette nature leur confère — mais même Brocéliande a brûlé...

36. The forest of the spears of the Most High is called Night, and Hades, and the Day of Wrath ; but I am His captain, and I bear His cup.

Commentaire :

37. Fear me not with my spearmen ! They shall slay the demons with their petty prongs. Ye shall be free.

Commentaire : C'est une des explications de < If the body of the King dissolve, he shall remain in pure ecstasy for ever > (AL 2, 21) : les funérailles thélémites sont des cérémonies d'incinération extrêmement festives : tout ce qui liait le défunt à la matière est néantisé par les flammes et son âme se retrouve donc entièrement libre : c'est un motif de réjouissance !
Il nous est commandé de faire la fête la plus joyeuse, la plus débridée, la plus enthousiaste possible à l'occasion des funérailles (AL 2, 41).

Si je perds un être cher, j'en suis un instant affecté, comme lorsque un hôte qui m'est sympathique, au cours d'une soirée réussie, déclare brusquement "Il faut que j'aille dormir, je me lève aux aurores demain".

Mais nous buvons alors un dernier verre et nous séparons avec des rires joyeux, des effusions débridées et des promesses enthousiastes de nous revoir bientôt ! (א — on the low men trample, janvier 2021)
Cela dit, j'ai récemment fait remarquer que < If the body of the King dissolve, he shall remain in pure ecstasy for ever > pouvait également se lire : nous pratiquons l'incinération, parce qu'il ne nous est pas du tout agréable, à nous gentilshommes thélémites, de penser que nos ossements pourraient être mêlés à ceux de gens qui nous sont inférieurs.

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU.

Love is the law, love under will.

D.

☉︎ in 25° ♌︎ : ☽︎ in 19° ♉︎ : ♃︎ : Ⅴⅴⅰⅰⅰ.

Précédents commentaires sur ce péricope :

. Ye shall be free (2021)
. Commentaire sur le Liber VII (7, 34-37) 
(2020)