Say Goodbye to Babylon

Amis chers, gens beaux et heureux,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Très estimé Docteur Brunel, "monstre de la nature" sonnait bien, en 2012 e.v. (année bénie — pour le Dom Pérignon aussi), concernant ma "pas humaine" (Chloé dixit) résistance bachique, mais tombe mal en plein contrôle judiciaire... — Disons que je suis une excentricité de la nature et n'en parlons plus.

Amis chers, la Lecture de ce jour est le
Liber AL vel Legis sub figurâ CCXX, chapitre 1, verset 22 à 25.

22. Now, therefore, I am known to ye by my name Nuit, and to him by a secret name which I will give him when at last he knoweth me. Since I am Infinite Space, and the Infinite Stars thereof, do ye also thus. Bind nothing ! Let there be no difference made among you between any one thing & any other thing ; for thereby there cometh hurt.

Commentaire 2021 e.v. : Rappel des notions de base : Il faut savoir nommer ses dieux. Toutes les civilisations, toutes les doctrines ésotériques postulent une toute-puissance du « Verbe ». Tout se crée et se détruit avec des Noms et des Lettres — Mantras hindous (OM) et médiévaux (AUM), Mots de Puissance égyptiens, ou Sepher Yetzirah cabaliste…


En langage moderne, disons qu’il s’agit de vibrations, ou oscillations d’énergies qui constituent notre univers. « La force d’une chose est cachée dans la structure même des sons qui la désignent et enfermée dans un certain nombre de sons articulés », comme le dit Henri-Cornelius Agrippa de Nethelseim.

En somme, et c’est la base de toute Magie : le Nom du dieu ou de la déesse que l’on invoque — ou « vibre » — est ce dieu ou cette déesse. C’est dire qu’il ne se présente pas sous une forme mondaine ou rationnelle : ZEUS, le Nom du dieu principal dans la mythologie grecque, met en action une certaine force, porteuse de virilité, de bienveillance et d'autorité temporelle, au lieu que le mot ABRIBUS ne fait que refléter, par association d’idées, une certaine image (et encore, entre adultes francophones urbains).

Les Noms Divins sont incompréhensibles, de même qu’on ne peut comprendre le son de la foudre ou le chant des oiseaux : ou, plus exactement, ils sont compréhensibles, mais inconnaissables — ils sont au-delà de toute fonction cognitive : c’est un langage cosmique et divin.

Cela dit, rien n'est plus redoutable que de nommer ses dieux. Comme nous l’avons précisé plus haut, la différence entre le Nom d’un Dieu et un mot usuel, c’est que le mot usuel décrit quelque chose, au lieu que le Nom Divin signifie quelque chose. C’est la même différence qu’entre un article du Figaro et un mythe ancestral.

Prenons, par exemple, la déesse du ciel appelée NU, dont le premier chapitre du Livre de la Loi est le Discours — Son Nom est formé de la Lettre N (Nu grec, Nun hébraïque, Nùn arabe, Ne copte, etc), attribuée au signe du Scorpion et à la Mort, et de la Lettre U (Digamma grec, Vau hébraïque, Waw arabe, He copte, etc.), attribuée au signe du Taureau (opposé/complémentaire à celui du Scorpion) et à la Vie — NU résume donc le principe de Mort-ferment-de-vie/Vie-ferment-de-mort, soit l’économie de l’univers, d'où son statut de Déité Suprême.

Commentaire 2022 e.v. : Je me souviens d'une partie de poker où, devant un tableau tirant à flush, j'avais raconté : "Mon oncle Philippe a perdu son duplex à l'Etoile, sa villa de Juan-les-Pins, sa fortune personnelle et toute sa collec' de Bentley sur un bad beat où, se croyant leader avec une couleur, il s'est empalé sur une quinte royale..." — Mon adversaire avait alors déclaré : "Je me serais suicidé après un coup pareil..." — à quoi j'avais répondu : "Oh, mais c'est ce qu'il a fait..."

Car mon oncle, paix à son âme ! "faisait une différence" entre bonheur et malheur, et ne s'est pas cru capable d'encaisser le "heurt" de ce trop brusque passage de l'un à l'autre.

Nuit nous enseigne, en effet, que le "heurt", — la souffrance, — vient de ce que nous "faisons une différence" qualitative entre nos expériences.

Or, à moins de n'avoir jamais connu ni vrai bonheur, ni vrai malheur, il est, bien évidemment, impossible de ne pas faire cette différence.

Moi qui suis passé de vingt années de Bonheur Intégral directement au ventre de la Baleine, je peux témoigner : j'aimais mieux le Bonheur Intégral.

Et n'oubliez pas que, contrairement à mon oncle, c'est après avoir été recraché par la Baleine que Jonas voulut se suicider (< Alors il se souhaita la mort à lui-même, et il dit : "La mort vaudrait mieux pour moi que la vie." > (Jonas 4, 10)) !

En fait, la devise de ma jeunesse, — "on peut s'amuser partout", — était, de l'aveu même de Nuit, le vadémécum parfait — L'astuce est dans le mot "jeunesse" : c'est le syndrome Brummell : on ne peut s'accommoder de beaucoup de malheur qu'à condition de n'avoir pas été trop longtemps très heureux avant.

C'est pourquoi le Trog heathen recherche, d'instinct, la tiédeur, la routine et la médiocrité : réduire au maximum, via métro-boulot-dodo, les risques de hurt qu'entraîne la difference made among you between any one thing & any other thing.

Du suicide, j'écrivais, en octobre 2009 e.v. :
Camus disait que, de toutes les questions philosophiques, le suicide était la seule qui présentât un intérêt. Fourier disait la même chose de la question juive. Mais je traite assez souvent la question juive, et crois n’avoir jamais songé au suicide — il est très agaçant d’imaginer que Camus puisse, de sa demeure dernière, considérer ce que j’écris comme inintéressant, même si c'est, en l’occurrence, également ce que je pense de son œuvre — Traitons donc du suicide.

Ça ne sera pas facile. Je suis peut-être la personne la moins funèbre du monde. Mais enfin, la vie est mortelle, et je ne veux pas croiser Camus dans l’Au-delà sans pouvoir lui dire : "Alors Albert ?... Avec ton prénom de chauffeur… Hein ?... Et là ?... Pas calmé ?..." [...]

Le scorpion est le seul animal à se suicider lorsqu’il est entouré de flammes. C’est un assez bel enseignement. Que l’on soit monarque (Cléopâtre, Néron, Louis II de Bavière), écrivain (Pétrone, Sénèque, Lucain, Nerval, Chatterton, Drieu la Rochelle, Mishima, Hunter S. Thompson), artiste (Van Gogh, Patrick Dewaere, Ian Curtis), cuisinier (Vatel, Loiseau), voire aventurier (Edward Sellon), le suicide est toujours admirable, parce qu’il consiste à rester, envers et contre tout, maître de son destin.

Les Japonais, qui l’élevèrent au rang d’un art, répertorient une vingtaine de types de morts volontaires, et presque autant de façon honorables de se l’infliger. Car ce geste, qui se suffit à lui-même, tire son plus ou moins de grandeur de sa cause et de son mode d’exécution. Il y a un univers entre le suicide du général Nogi, vainqueur de Port-Arthur, qui voulut suivre son Empereur dans la mort, et ceux de grandes neurasthéniques telles que les filles de Freud — un univers entre les opérations kamikazes du Japon et l’autodestruction d’un zombie mélancolique dans sa cellule capitonnée.

Personnellement, je trouve la vie une chose beaucoup trop merveilleuse pour envisager d’y mettre un terme — mais je prétends préférer être écrasé par une Rolls que par un trente-six tonnes, et n’ai rien à redire au dandysme de certains suicides — Peut-être, au bout du compte, que les actrices X qui se tuèrent pour ne jamais vieillir (Karen Lancaume, Savannah — et je passe sur le cas de Laurence Ferrari, authentique descendante des Valois !) ont accompli la forme la plus élevée de mort volontaire… Mais bon : la vie est une fête, et les fêtes ne durent pas — raison de plus pour ne pas hâter le départ. (Le Signe d'Apophis, 2009)
Aujourd'hui que <
My own soul bites into itself, like a scorpion ringed with fire > (LLL 3, 41), j'écrirais, bien sûr, les choses très différement :
J'ignore encore si je serai, au bout du compte, selon mes vœux, "cryogénisé pour être décongelé au cœur de l'Æon", ou si je mettrai fin à mes jours en diffusant mes (sublimes) derniers instants sur le net — Tout le Chapitre Final de la Sir Shumules Saga dépendant du budget que je recevrai, — de "la charité des fidèles", comme disait Pie VII, — je veux espérer une superproduction, — quelque chose à ma (totale dé)mesure, — mais un film d'auteur intimiste serait probablement encore mieux : Après la Pluie de Takashi Koizumi est ma référence cinématographique absolue, comme Ran d'Akira Kurosawa est la référence cinématographique absolue de Chloé — Empereur du Japon, vous dis-je ! — C'est pourquoi mon suicide sera joyeux, poétique et serein. (Assuerus Was Here)
C'est très Gift from Virgo, comme coucher son roi aux échecs : incontestablement la chose la plus élégante qu'il soit humainement possible de faire — Même un Trog hyper piétinable (AL 3, 11) peut, au terme d'une vie de plouc, mourir, via le suicide, avec prodigieusement de style — Moi, je vous l'annonce, mon suicide sera un évènement hip, chic et vogue.

 23. But whoso availeth in this, let him be the chief of all !

Commentaire 2021 e.v.Exiger que le chef se conforme à la "morale", c'est vouloir que le berger se conduise en mouton : comment pourrait-il guider le troupeau s'il marche à quatre pattes ? – Croire qu'être "immoral" est la condition d'accès au pouvoir, c'est vouloir qu'Iznogoud devienne Calife, donc placer un suiveur en tête : c'est se vouer à la catastrophe.

Le chef doit être aussi impeccablement amoral que possible – Je rappelais, en commentant LLL 5, 47:
Il est dit que, ne parvenant pas à tirer du fourreau l'épée de Goliath, au moment de trancher la tête de celui-ci, le futur roi David demanda à Urie le Hittite de lui en expliquer le système d'ouverture: Urie accepta de l'aider, à condition que David promît d'intervenir en faveur de son mariage avec Bethsabée. Plus tard, David fit, – de façon violente, cruelle et débauchée, – tuer Urie pour lui voler Bethsabée, et de cette perfidie sortit Salomon, le sage entre les sages.

Ainsi, l'autorité validée par l'avail (cf. verset 45) délivre du Mal et du Bien : David met héroïquement à mort le singe dominant et perfidement à mort le serviteur atteint d'holier-than-thou attitude – c'est le Nekhekh et l'Héqa – de là procède l'Ajustement – l'harmonie primordiale est rétablie : Sol-Om-On, le mystère 666.
Commentaire 2022 e.v. : A ce sujet, j'ai reçu de Crypto Survivor le MP suivant :
Bonjour Sire, j'espère ne pas vous déranger.

Savez-vous, je vais avoir mon premier fils au mois de Janvier prochain (probablement le 7). J'ai lu dans un de vos billets la signification de "David". Je souhaite lui donner la meilleure énergie possible pour s'incarner. Qu'en pensez-vous ? Comme prénom ?

Un grand merci pour vos conseils.

Passez une excellente soirée et que vos déboires soient résolus au mieux et au plus vite.

Love is the Law. Love under will.

J'ai répondu :
Cher Ami,

Do what thou wilt shall be the whole of the Law.

Il faut savoir que David est un nom royal, le nom royal par excellence, qu'il expose donc à un Bonheur immense ET à des souffrances sans nom. L'un ET l'autre. Lisez le vie du roi David et dites-vous bien que tout ce que vivra l'enfant sera raccord, à un niveau ou un autre, avec ce qu'a vécu le Lion de Juda. Ce n'est pas des blagues. Je certifie la chose... Tout de bon pour lui, pour sa maman, et pour vous, ami.

Love is the law, love under will.
24. I am Nuit, and my word is six and fifty.

Commentaire 2021 e.v. : Evidemment, cette idée de "mon mot est un nombre" renvoie à l'art de la guématrie et il est curieux que le nombre 56, glyphe de "à la mort succède la vie", soit écrit dans le Livre < six and fifty >, soit "à la vie succède la mort".

Notons que 56 désigne également le Sentier qui mène de Geburah à Tipheret, de la Rigueur à l'Harmonie, Sentier de ל, la Maât, donc Voie du Juste, comme il est écrit < To Me ! To Me ! > (AL 1, 53 ; 65), et < come unto me ! > (AL 1, 61), et < follow the love of Nu in the star-lit heaven > (AL 2, 76), et < Nu is your refuge > (AL 3, 17).

Commentaire 2022 e.v. : Je me souviens d'avoir déclaré, un soir d'ivresse : "Nuit dit que son numéro est 56, et 56 est l'indicatif téléphonique international du Chili – De la contemplation des Chiliennes, nous déduisons que Nuit est hyper bonne" – Or, de fait, la chère Gloria, qui fut notre blanchisseuse effroyablement canon pendant vingt ans, est Chilienne, et feu son mari a eu la mort du Régent – C'est très Nuit.

25. Divide, add, multiply, and understand.

Commentaire 2021 e.v. : Pyramide de bas en haut : Le Heathen qui, au dernier rang de la hiérarchie des êtres, se sait la proie de tout ce qui existe, analyse, c'est-à-dire divise, car, "ayant tout perdu sauf la raison", et ne disposant pas d'autre arme naturelle que sa ratiocinante machine mentale, il espère avoir neutralisé une force dès qu'il lui a adjoint un terme en "isme".

L'Homme de la Terre, pour lequel n'existe que le quantifiable, la valeur marchande, additionne constamment : le père Mathurin, négociant en bovins creusois, ne sait probablement ni lire, ni écrire – mais je vous garantie qu'il sait compter.

L'Amant est multiplication, parce qu'il cherche la fusion permanente et n'est mû que par l'instinct de reproduction.

L'Hermite, l'Initié, comprend ce que l'homme du troupeau ne peut, dans le meilleur des cas, que stocker dans ses data de savoir livresque.

Plus une civilisation vieillit, plus les caractéristiques Heathen y prennent de la place : elle s'effondre précisément pour remettre la Pyramide à l'endroit. 

Commentaire 2022 e.v. : C'est le Mystère de l'understand (Binah = ♄︎) : comprendre pourquoi Babylone est tombée ne réconforte pas celui que la chute de la Grande Cité condamne à la ruine, à l'errance et à l'exil. 

Et, puisque ציון a la valeur numérique de Babalon, Maître Assuérus dit : "Si je pleure, ce n'est pas que je ne comprends pas pourquoi le Temple a été détruit, c'est que je veux qu'il n'ait jamais été détruit".

 

Ce que méditant, allez, amis chers, sous la protection de cette sphère spirituelle dont le centre est partout et la circonférence nulle part et que nous appelons DIEU. 

 Love is the law, love under will.

D.


- ☉︎ in 6° ♍︎ : ☽︎ in 29° ♍︎ : ☽︎ : Ⅴⅴⅰⅰⅰ.

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